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Accueil Tous les numéros Volume 217 / Numéro 1-2 (2023) Biologie Aujourd’hui, 217 1-2 (2023) 11-12 Full HTML
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Numéro
Biologie Aujourd’hui
Volume 217, Numéro 1-2, 2023
Page(s) 11 - 12
DOI https://doi.org/10.1051/jbio/2023011
Publié en ligne 6 juillet 2023

Françoise Dieterlen était à l’Institut d’Embryologie de Nogent depuis sa création. Elle a développé son équipe tout en participant activement à la vie de l’Institut et en assurait la sous-direction. Elle avait créé un groupe de recherche sur l’origine des cellules souches hématopoïétiques. Ses recherches menées chez le poulet puis la souris ont donné lieu à de nombreuses publications (IJDB, Special issue, Int J Dev Biol, 2010) qui lui ont valu une reconnaissance internationale dans ce domaine de l’émergence des cellules souches hématopoïétiques. Nous étions collègues, Josselyne depuis les années 1960, Catherine depuis 1983, et nous échangions beaucoup entre nous. Notre collaboration avec Françoise s’est engagée à la suite d’une étude de la glycoprotéine CD41 chez l’embryon de poulet puis de souris, ayant montré que cette intégrine est exprimée par des progéniteurs hématopoïétiques (Ody et al., 2001 ; Corbel & Salaün, 2002 ; Corbel et al., 2005). Par immunocytochimie sur coupes embryonnaires, nous avons démontré que CD41 est localisée dans des foyers para-aortiques ainsi que dans l’allantoïde de souris (Figure 1). Ce résultat est à l’origine de notre collaboration avec Françoise qui avait montré en 1998 avec Ariana Caprioli, étudiante en thèse, que l’allantoïde de poulet avait un potentiel hématogène (Caprioli et al., 1998). En 2003, elle poursuivait cette étude chez la souris, et montrait, avec Marcio Alvarez-Silva, que le placenta a une activité hématopoïétique (Alvarez-Silva et al., 2003). Le placenta étant issu de la fusion de l’allantoïde avec la plaque chorionique, il restait à préciser lequel de ces deux tissus est à l’origine des cellules hématopoïétiques placentaires. Pour aborder cette question, nous avons entrepris l’étude des potentialités hématopoïétiques de l’allantoïde avant sa fusion avec la plaque chorionique, en mettant en œuvre la même stratégie que celle utilisée par Françoise et ses collaborateurs dans le cas de la splanchnopleure (Cumano et al., 1996). Nous avons donc suivi le protocole incluant une période de pré-culture pour promouvoir les interactions cellulaires et permettre l’émergence de progéniteurs hématopoïétiques. De fait, cette étape de pré-culture conduit à une plus forte densité des cellules CD41 positives dans l’allantoïde cultivée. Après dissociation enzymatique, les cellules sont ensemencées dans un milieu semi-solide. Diverses colonies se différencient, ce qui permet l’identification des progéniteurs clonogéniques. C’est ainsi que nous avons démontré l’existence de progéniteurs hématopoïétiques dans l’allantoïde avant l’établissement de la circulation sanguine (Figure 2).

Ces travaux ont été publiés en 2007 (Corbel et al., 2007) et dans deux revues. Les expériences ont été faites à Nogent, à l’Institut d’Embryologie juste avant sa fermeture. La rédaction du papier s’est déroulée dans l’Institut en cours de déménagement puis – et surtout – chez Françoise, dans son appartement à Paris. Nous gardons un souvenir ému et chaleureux de cette période si particulière qui nous a rapprochées de Françoise. Nous avons vraiment apprécié ses qualités de grande scientifique et aussi humaines. C’était une amie précieuse et cultivée avec laquelle il faisait bon discuter de science mais aussi musique, peinture, cinéma et littérature (Figure 3).

Références


© Société de Biologie, 2023

Liste des figures

thumbnail Figure 1

Expression de CD41. A : coupe transversale d’embryon de 8 jours (5 paires de somites). Allantoïde (Al) ; Sac vitellin (YS) ; B : Allantoïde cultivée in toto pendant 5 jours (extrait de Corbel et al., 2007).
Dans le texte
thumbnail Figure 2

Potentialités hématopoïétiques de l’allantoïde avant sa fusion avec le chorion en progéniteurs érythroïdes, myéloïdes et multipotents. A : colonies érythroïdes et macrophagiques. B : colonies érythroïdes, BFU-E. C : colonie mixte (extrait de Corbel et al., 2007).
Dans le texte
thumbnail Figure 3

Cantine de Nogent, 2004.
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