Numéro |
Biologie Aujourd'hui
Volume 209, Numéro 4, 2015
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Page(s) | 331 - 355 | |
Section | Contribution libre | |
DOI | https://doi.org/10.1051/jbio/2016003 | |
Publié en ligne | 28 mars 2016 |
Du duel au pluriel : réflexions sur les protéines régulatrices d’apoptose de la famille BCL-2 et sur la mort cellulaire
From dualism to multiplicity: seeing BCL-2 family proteins and cell death with new eyes
1
LBMC – Laboratoire de Biologie Moléculaire de la Cellule, École
Normale Supérieure de Lyon, UMR 5239, CNRS, Université Lyon 1, HCL,
46 Allée d’Italie,
69364
Lyon Cedex 07,
France
2
ISEM – Institut des Sciences de l’Évolution de Montpellier, UMR
5554, Université de Montpellier, CNRS, IRD, EPHE, Place Eugène Bataillon,
34095
Montpellier,
France
Auteur correspondant : Abdel Aouacheria, aouacheria.abdel@gmail.com; abdel.aouacheria@umontpellier.fr
Reçu : 19 Septembre 2015
La mort est souvent perçue comme la négation de la vie, la vie comme l’antithèse de la mort. La biologie, par l’étude de la mort cellulaire, a permis de transcender ce manichéisme. La mort n’apparaît plus comme extérieure à la vie, mais comme un processus tangible, à l’œuvre dans le vivant. Si la mort cellulaire peut être créatrice, son dysfonctionnement peut aussi être la cause de pathologies mortelles (cancer). Ce discours biologique peut-il vraiment être étendu pour raisonner, en général, sur les relations entre la vie et la mort? N’est-il pas essentiellement métaphorique? Ne sommes-nous pas en train de jouer sur les différents sens du mot ¡mort¿, en prenant le risque de vitaliser la mort? Dans cet article, nous décrirons comment le champ disciplinaire de la mort cellulaire s’est construit autour d’une série de dichotomies, répétant l’opposition originelle entre vie et mort. Au travers de l’exemple des protéines de la famille de BCL-2, notre propos sera d’esquisser une voie pour sortir de ce dualisme, en s’appuyant sur les notions de multiplicité, de complexité, de diversité, d’histoire(s) évolutive(s) et de contingence.
Abstract
The concept of cell death has many links to the concept of death itself, defined as the opposite of life. Achievements obtained through research on apoptosis have apparently allowed us to transcend this Manichean view. Death is no longer outside, but rather inside living systems, as a constitutive force at work within the living matter. Whereas the death of cells can be positive and breed “creation” (e.g. during morphogenesis), its dysregulation can also cause or contribute to fatal diseases including cancer. It is tempting to apply this biological discourse to illuminate the relations between life and death, taken in general terms, but does this generalization actually hold? Is this discourse not essentially a metaphor? If cell death is considered as a vital aspect of various biological processes, then are we not faced with some vitalistic conception of death? Are there one or more meanings to the word “death”? Does the power to self-destruct act in opposition to other key features of living entities, or rather in juxtaposition to them? In this article, we first describe how the field of cell death has been developed on the basis of perceived and built dichotomies, mirroring the original opposition between life and death. We detail the limitations of the current paradigm of apoptosis regulation by BCL-2 family proteins, which nicely illustrate the problem of binary thinking in biology. Last, we try to show a way out of this dualistic matrix, by drawing on the notions of multiplicity, complexity, diversity, evolution and contingency.
Mots clés : Mort cellulaire / apoptose / famille BCL-2 / évolution moléculaire / dualisme
Key words: Cell death / apoptosis / BCL-2 family / molecular evolution / dualism
© Société de Biologie, 2016
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