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Editorial
Numéro
Biologie Aujourd'hui
Volume 211, Numéro 2, 2017
Page(s) 155 - 156
Section Autour de Claude Bernard
DOI https://doi.org/10.1051/jbio/2017027
Publié en ligne 13 décembre 2017

Le Conseil Scientifique du Musée Claude Bernard, en association avec « les Amis du Musée » et la Direction du Musée, a eu l'honneur d'organiser l'accueil de la Société de Biologie et de ses filiales de Montpellier et de Strasbourg le 14 juin 2017. Les participants ont visité la maison natale, les vignes de Claude Bernard et son musée pendant la matinée. Après un repas dans une auberge dotée des charmes du Beaujolais, une séance de la Société de Biologie dédiée à son illustre co-fondateur s'est déroulée dans la salle de conférences du Musée. Cette séance a été consacrée à l'œuvre de Claude Bernard et à ses prolongements actuels, en particulier dans les recherches en neurobiologie et en diabétologie. Les textes des conférences sont présentés dans ce journal.

C'est en effet à Saint-Julien (69 640), ce petit village au cœur du Beaujolais, qu'est né Claude Bernard en 1813 et c'est là qu'il aimait revenir pour les vendanges ou bien pour se ressourcer. C'est là aussi qu'il a écrit « L'introduction à l'étude de la médecine expérimentale » dans laquelle il énonce les principes qui révolutionneront la recherche médicale et qui constituent toujours les fondements de la recherche biologique.

Rappelons rapidement l'historique de la place grandissante qu'a pris la reconnaissance de Claude Bernard dans la région. Trois mois après la mort de Claude Bernard, en mai 1878, les habitants de Saint-Julien rendent hommage à cet enfant du village en commandant à Arthur de Gravillon une statue en marbre qui fut érigée sur la place du village. Notons que c'est actuellement l'une des trois seules statues de Claude Bernard en France avec celles du Collège de France et celle de l'Université Claude Bernard à Lyon. En 1935, le Conseil Municipal de Saint-Julien pose une plaque commémorative sur la façade de sa maison natale alors encore habitée par la nièce de Claude Bernard (la fille de sa sœur) et par son mari. En 1947, le Syndicat d'Initiative de Villefranche-sur-Saône achète la maison natale et y crée le premier musée. En 1961, la Fondation Marcel Mérieux rachète non seulement la maison natale mais également la maison de maître, le parc et les vignes qu'avait acquis Claude Bernard en 1861. La fondation Mérieux transfère alors le musée dans la maison de maître, beaucoup plus vaste que la maison natale, et enrichit les collections. Puis, rien ne change pendant près de 50 ans. En 2009, sous l'impulsion des « Amis du Musée Claude Bernard » la Communauté de Communes Beaujolais-Vauxonne, qui avait racheté l'ensemble immobilier et agricole à la Fondation Mérieux, met en œuvre un ambitieux projet : moderniser et rénover entièrement le musée en lui donnant une extension par l'ajout d'un bâtiment portant l'immense fresque du portrait de Claude Bernard. Après ces travaux architecturaux et muséaux ayant coûté plus d'un million et demi d'euros, financés à tous les niveaux administratifs, un joyau muséal est né dans ce petit village, et a été fièrement inauguré en 2014.

Le musée Claude Bernard est maintenant un remarquable ensemble qui allie esthétique, stimulation de la curiosité, jeux intellectuels, exactitude historique et rigueur scientifique. Moderne grâce à ses vidéos didactiques et ses bornes interactives, il offre des espaces ludiques qui permettent aux enfants d'apprendre tout en s'amusant. Le musée est divisé en deux séquences thématiques sur deux niveaux : au rez-de-chaussée, l'homme, sa vie privée et publique illustrés par des objets personnels. À l'étage, le discours scientifique et le développement de la méthode expérimentale.

En 2014, le musée Claude Bernard s'est doté d'un Conseil Scientifique composé d'hommes et de femmes de professions et de compétences complémentaires et variées (médecins, professeurs d'université, chercheurs, conservateurs de musée, historiens des sciences et de la médecine, spécialistes de l'histoire du musée, amoureux de Claude Bernard…), tous bénévoles. Ce collectif de passionnés dynamiques œuvre pour une muséographie moderne, exacte, vivante et accessible à tous. Son but est de promouvoir une meilleure connaissance et reconnaissance de Claude Bernard par le grand public, de développer la passion pour les sciences biologiques et aussi… l'amour pour cette belle région qu'est le Beaujolais.

Faire connaître Claude Bernard au grand public n'est pas chose facile. Pourquoi ?

D'abord, parce que les grandes découvertes de Claude Bernard se situent dans un domaine spécialisé, la physiologie. Le mot « physiologie » lui-même ne se comprend pas d'emblée contrairement, par exemple, à la « microbiologie », qui sous-entend les microbes.

Ensuite, parce que les découvertes de Claude Bernard se situent dans le domaine de la connaissance fondamentale spécialisée et non dans celui de la connaissance pratique, du savoir-faire commun. Il est évidemment plus difficile d'appréhender la découverte de la fonction glycogénique du foie que celle, par exemple, de la machine à vapeur.

Mais aussi parce que Claude Bernard n'a pas mis au point de thérapie. Ce sont ses successeurs qui ont utilisé ses découvertes pour développer des thérapies. Contrairement à Pasteur, dont la découverte des microbes s'est traduite immédiatement par la mise au point de vaccins, il a fallu attendre le 20e siècle pour que les molécules intervenant dans les mécanismes découverts par Claude Bernard soient identifiées et que des traitements ou des médicaments correcteurs puissent être proposés aux patients. Ce constat est particulièrement évident en neurologie et en physiologie nutritionnelle (diabète, obésité), domaines dont une part importante des fondements a été mise en place par Claude Bernard.

Enfin, parce que la méthode expérimentale d'analyse du vivant est devenue tellement évidente que tout le monde oublie qu'on la doit à Claude Bernard, qui a mené une lutte acharnée contre le vitalisme.

Citation de l'article : Habert, R. (2017). La Société de Biologie se réunit au Musée Claude Bernard. Biologie Aujourd'hui, 211, 155-156


© Société de Biologie, 2017

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