Numéro |
Biologie Aujourd’hui
Volume 217, Numéro 1-2, 2023
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Page(s) | 5 - 5 | |
DOI | https://doi.org/10.1051/jbio/2023007 | |
Publié en ligne | 6 juillet 2023 |
Notice Nécrologique
Françoise Dieterlen et Biologie Aujourd’hui
À la fin de l’année 2007, Françoise Dieterlen m’a demandé de l’aider pour l’édition de Biologie Aujourd’hui. J’ai pu la décharger de certaines des tâches qu’elle assumait jusqu’alors seule, dont les problèmes de fabrication et de publication de la revue, qui venaient en plus de la lecture critique et de la correction des manuscrits, ce que nous faisions ensemble.
La partie scientifique reposait sur elle et j’ai toujours admiré son immense culture, qui dépassait largement le domaine de l’embryologie et lui permettait d’évaluer les articles qui étaient soumis au Journal. Ceux d’entre eux qui sortaient de nos compétences étaient bien sûr confiés au jugement de spécialistes et il nous est même arrivé une fois de recevoir une réponse cinglante, nous demandant s’il s’agissait d’un texte rédigé automatiquement par un ordinateur… Nous avons aussi dû, et cela plusieurs fois, refuser l’article envoyé par un intervenant qui en avait laissé la rédaction à un étudiant et ne l’avait visiblement pas même relu. J’ai toujours apprécié la diplomatie des courriels qu’elle adressait aux auteurs, par exemple lorsqu’elle voulait dire à l’un d’eux que sa conclusion était à peine un résumé.
Ce que Françoise chassait et refusait violemment était toute forme de finalisme : « La téléologie fait mauvais ménage avec la science », disait-elle en citant de mémoire Jacques Monod. Françoise avait un talent particulier pour la correction des épreuves et ne manquait jamais de détecter des coquilles que je n’avais pas vues.
Un des problèmes de Biologie Aujourd’hui était (et reste toujours) celui de la soumission de contributions libres. Si nous parvenaient, le plus souvent, des articles d’intérêt général et publiables, nous arrivaient également, très souvent de pays francophones ou même beaucoup plus lointains, des textes soit trop spécialisés et relevant de revues spécifiques, soit d’intérêt plus large, avec de bons résultats, mais dans un français très approximatif. Françoise disait : « Il faut aider ces gens-là » et s’attelait à rebâtir l’article. Malheureusement, nous arrivaient aussi des « soumissions » présentant des résultats incohérents ou s’étant focalisées sur des questions déjà résolues. Françoise les refusait avec courtoisie. C’est aussi courtoisement qu’elle savait réclamer aux intervenants les textes qu’ils tardaient à envoyer.
Mais la culture de Françoise Dieterlen n’était pas que scientifique. Elle participait très activement aux différents cercles du Lyceum, une importante association culturelle internationale d’amitié et de solidarité féminine (voir dans ce numéro l’hommage de Madame Solange Descours, Présidente d’Honneur du Lyceum).
Entre deux analyses d’articles, nous parlions de nos lectures personnelles et je ne repartais jamais de chez elle sans une provision des derniers livres qu’elle me proposait. J’ai aussi assisté, grâce à elle (et au Lyceum) à d’inoubliables concerts.
Travailler avec Françoise Dieterlen, riche d’une telle valeur scientifique et humaine, a été pour moi facile et heureux, car elle était simple, directe et chaleureuse. Nous étions rarement en désaccord (quelquefois sur des questions de syntaxe !) mais, surtout, nous avons été liées par une très profonde amitié, un bonheur dont je lui serai toujours reconnaissante.
© Société de Biologie, 2023
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